Le travail manuel est une lecture sans fin. Après avoir dévoré le blog : Les mains baladeuses, je décide de contacter Benoit afin de lui présenter mon projet et lui propose d’échanger autour de sa passion du bois. Benoit ami de longue date m’ouvre avec plaisir la porte de son atelier. Nous partageons avec son apprenti Ugo un repas entouré de tous les meubles et antiquités du moment.
Comment en es-tu arrivé à l’ébénisterie? Benoit m’explique son parcours fait de rencontres. Des études de droits à l’université de Rennes puis au milieu des concours un stage chez un ébéniste du Faubourg Saint Antoine d’où il ne repartira pas. Trois années de formation et d’apprentissage puis un premier travail chez Romain Ébéniste à Garches pour atterrir au final chez un Menuisier Bertrand à Saint-Cloud. Il aura fallu plus de cinq années de travail et d’embûches pour enfin devenir indépendant.
Benoit me confie qu’il est content le matin d’aller travailler de ses mains tout en restant perplexe du manque de sourire des gens qu’il croise à rejoindre leur écran. Malgré des semaines de plus de soixante heures, il ne me cache pas sa passion pour le métier et se fait plaisir à plaisanter sur la notion d’ancienneté. Pour lui un meuble vintage n’est pas ancien comme le croit une bonne partie de sa clientèle. Un meuble commence à être ancien à partir du XIXème siècle à l’époque ou la mécanisation était encore peu présente. Benoit m’explique après l’importance de la transmission, des essences de bois autochtones et exotiques, des odeurs de vernis. Ne s’arrêtant plus dans son élan il rentre dans les détails et caractéristiques des parfums de colles de poissons et d’os, je mesure et apprécie un peu mieux la richesse de son savoir-faire.
Nous nous quittons en croisant le voisin de l’atelier avec qui nous échangeons quelques mots. Il nous explique rapidement son histoire et son goût au voyage. Ayant lui même parcouru une bonne partie de l’Afrique à vélo dans les années 70 et 80, il part me chercher son livre de chevet : « La terre sur deux roues : 44000 kilomètres à vélo » de Guigny Alain. Je lui explique mon projet et il me confie son livre.
En partant, je repense à cette phrase : « Celui qui travaille avec ses mains est un ouvrier, celui qui travaille avec ses mains et sa tête est un artisan, celui qui travaille avec ses mains, sa tête et son cœur est un artiste. »
Il n’y a pas de doute l’Ebéniste est vraiment un Artiste!
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