Matthieu Champetier de Ribes, Artisan à la ferme de Grignon

De retour du Canada je traverse la Beauce à vélo pour atterrir à Villiers-le-Bâcle sur le plateau de Saclay. Petit village de l’ouest parisien, Villiers-le-Bâcle dans l’esprit du projet : « Les lois naturelles de l’enfant » accueille une ferme pédagogique. La ferme du Bel Air permet à un jeune public parfois trop urbain de se confronter au vivant. Au cœur de cette école, entre moutons, lapins et poules existe un micro fournil. Régulièrement Ludovic, éducateur, anime un atelier autour du pain et enseigne la fermentation panaire avec des mots simples. Il transforme le façonnage en un jeu de patamodelé et l’enfournement à un grand tétris au plus grand plaisir de ses novices. Le succès de la formation aboutira à la création d’un fournil au levain et four à bois chez l’agriculteur du village.

Je me ferai former pendant plus de huit mois au sein du fournil par Ludovic et Aline porteurs du projet. Une expérience unique qui me permettra de monter en compétence sur la gestion d’un four à sol tournante, la maîtrise d’un moulin et du levain. Néanmoins des désaccords de fonds avec le gérant, ni Paysan ni Boulanger d’ailleurs, me pousseront à abandonner mon poste. Dommage qu’un tel projet soit entre les mains financières d’un couple de Thénardier…Un mal pour un bien, je profite de ma recherche d’emploi pour me faire former par le réseau FADEAR et l’Atelier Paysan sur la brosse à grain et le moulin Astrié.

Une page se tourne et je me retrouve une nouvelle fois en difficulté sur mon projet professionnel avec mes doutes et mes remises en questions. J’apprendrai que mes successeurs : Arthur, Gérald, Ludovic et maintenant Aline ne satisferont pas une organisation voué au « turnover » du personnel. Le métier est-il à ce point gangrené? Pourquoi existe t il une aussi grosse fracture entre le manuel et le financier? S’agit il d’un nivellement vers le bas de la profession qui toucherait aussi la filière biologique? Est il possible de se présenter comme céréalier bio en ayant plus de 200 hectares de blé et roulant en Porche…Des questions qui me poussent à me concentrer sur mon projet entrepreneurial et avancer.

Pourquoi ne pas profiter du moment pour enfourcher son vélo et se remettre en route!