Matthieu Champetier de Ribes, Artisan à la ferme de Grignon

L’Espagne se rapproche tranquillement et je préfère faire une dernière étape proche de la frontière question de recharger mes batteries. Je grimpe en direction du col du Perthus et découvre la joie de partager ma route avec camions, bus et voitures dans cette étroite vallée. L’attrait des commerces espagnoles génèrent un traffic permanent. Les frontières sont ouvertes et les douaniers ce jour là ne font guère de contrôles malgré le plan vigipirate. Après un petit noisette en terrasse d’un café à l’emplacement exacte de la frontière géographique me voilà de l’autre coté. Je commence par de longues descente sur la N-II en direction Figueres. Les prostituées en bord de routes sont mes principales supportrices et m’envoient des bisous en guise de réponses d’un « Hola ». Je passe rapidement par le vieux centre de Figueres à la recherche d’une terrasse pour me restaurer. La foule dans les rues et au marché municipale me pousse à repousser mon déjeuner à un endroit moins risquer pour poser mon vélo.

Plus que quelques kilomètres avant de rejoindre Girona pour finir l’étape, je ferai une partie du parcours avec un couple de cyclo touriste allemand équipé d’un TX400. Les discussions furent brèves sous un soleil de plomb…nos chemins se séparent juste avant Girona. Je me loge dans l’auberge de jeunesse en plein centre de Girona équipé d’un local à vélo. La ville est en fête avec concert plein aire et cortège catalan traditionnel. Un doux aire de feria anime la ville et les gens affluent dans les terrasses des cafés. Je déambule dans cette magnifique cité médiévale et découvre sa cathédrale ainsi que les bords colorés de la Riu Onyar. Comment ne pas succomber à quelques tapas dans ces rues animées. Le réveil fut difficile et l’envie de se sédentariser s’installe mais je me dis que je profiterai tout autant de Barcelone.

Une dernière nuit en camping ou j’apprendrai par la radio les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Ouf, le FN n’est pas le premier partie de France mais je reste particulièrement inquiet par cette nouvelle poussée des extrémismes. Je passe un dernier col avant de rejoindre les bords de la méditerranée et sa piste cyclable qui me conduira jusqu’au centre de Barcelone. De retour dans le bruit et la pollution me voilà à grimper dans les hauteurs de la ville pour rejoindre l’auberge de jeunesse. Je casse l’armature métallique de ma pédale avant d’arriver. Une première casse qui sera soignée à coup de scotch résistant.

Je profite de quelques jours pour visiter Barcelone et m’installe juste à coté du quartier de Gràcia. Au menu, la visite du musée Picasso, la fondation Miro, la sagrada famlia et le vieux centre. Dans une ambiance particulièrement artistique et multiculturelle, je repense aussi à l’auberge Espagnole et Vicky Cristina Barcelona aussi qui sont des beaux reflets de l’atmosphère qui règne dans cette ville. Je découvre l’offre boulangère aussi que je trouve différente de chez nous avec beaucoup plus de sucreries et de pains blanc précuits dans des moules.

Comme les mains en pain de Picasso immortalisées par Robert Doisneau, Barcelone est une ville pleine de surprises et d’une grande originalité. Un plaisir à consommer sans modération!